Balade annuelle du 21 septembre 2014 au Bois-le-Prêtre

 

« Le massif forestier du Bois-le-Prêtre est situé sur les hauteurs des côtes de Moselle, au nord-ouest de l’agglomération mussipontaine. Il est jalonné au sud par les villages de Maidières, de Montauville ainsi que de Fey-en-Haye vers l’ouest… et, sur les hauteurs nord-est, le village de Norroy… » (extr. de « Ceux du Bois-le-Prêtre, 1914-1918 », Gérard Louis ed., 2005, sur le site de l’association « Tourisme et loisirs au Père Hilarion »).

Sur les 12 kms du parcours retenu, nous en avons effectué moins d’une dizaine, pour cause de pluie incessante. Malgré tout, cette balade nous a permis de découvrir le site de ce qui fut, de septembre 1914 à juillet 1915 un champ de bataille terrifiant.

Les hauteurs de Bois-le-Prêtre permettaient alors de contrôler, à l’ouest la vallée de la Moselle et à l’est, la partie sud de la Woëvre. Afin de réduire le saillant allemand de Saint-Mihiel réalisé dès le début de la guerre, l’armée française y déclencha une offensive qui se prolongea par des combats de positions acharnés malheureusement vains, puisque les Allemands reprirent en juillet 1915 tout le terrain conquis. Ce ne fut qu’en septembre 1918 qu’ils évacuèrent le massif devant l’avancée américaine.

La bataille de Bois-le-Prêtre fit environ 7000 morts dans chaque camp. Du fait de son caractère indécis, elle est peu connue du grand public. Toutefois, elle a donné naissance à deux légendes.

L’une, bien fondée, est celle des « Loups de Bois-le-Prêtre », surnom donné aux Français par les Allemands en hommage à leur ténacité, malgré des moyens matériels inférieurs, dont témoigne l’état comparé des tranchées dans le secteur le mieux préservé de la « Croix des Carmes » : abris bétonnés cerclés de tôle galvanisée et postes de tir en béton armés pour les Allemands, abris boisés, aujourd’hui effondrés et postes de tir en brique pour les Français… Depuis, les panneaux commémoratifs portent l’effigie d’un loup.

L’autre, contestée, est celle de la fontaine du Père Hilarion, juste à côté de la maison forestière du même nom : Français et Allemands y auraient fraternisé à l’occasion de trêves pour se ravitailler en eau. Malheureusement, cette fontaine ne s’est jamais trouvée entre les lignes ennemies! Le point d’eau à l’origine de la légende était plus vraisemblablement une source située en pleine forêt.

De la gare de Pont-à-Mousson, lieu de notre RV à 9h30, nous nous sommes rendus en voiture au cimetière militaire du Pétant, sur la commune de Montauville. Sur les 13517 tombes alignées sur 6 ha de pente verdoyante, la moitié date 14-18, l’autre de la Seconde guerre mondiale, notamment celles de prisonniers de guerre français morts en captivité et de soldats de l’armée de la Libération, chrétiens et Musulmans. On y remarque parmi eux quelques dalles triangulaires : celles de prisonniers de guerre soviétiques morts sur le sol français.

La balade nous a ensuite conduits à trois monuments successifs : Deux monuments français, la Patte d’oie et la Croix des Carmes (imposant massif en pierre de taille intégrant une ancienne croix de carrefour en bois autour de laquelle se déroulèrent d’âpres combats). Un monument allemand, le Chauffour, malheureusement vandalisé.

C’est avec soulagement que nous avons pu déjeuner au sec à la maison forestière du Père Hilarion, chaleureusement accueillis par Robert Sawicki, président de l’association « Tourisme et loisirs au père Hilarion », allègre monsieur de 77 ans qui nous a conté l’histoire locale et servi un sympathique digestif ! Le lieu-dit tire son nom d’un ermite du XVIIe siècle, vraisemblablement Carme ou Antoniste, ces deux ordres se partageant alors la propriété des forêts alentours.

L’après-midi, M. Sawicki nous a courageusement (vu le temps) servi de guide dans les tranchées de la Croix des Carmes, encore jalonnées de monceaux de barbelés et de chevaux de frise que l’O.N.F. a protégés de la main des ferrailleurs. Nous avons pleinement apprécié le caractère effroyable de ce qu’a été la vie des combattants dans ce cadre rudimentaire, notamment du côté français.

Après nous être rendus sur le site du village rasé de Fey-en-Haye, nous avons visité l’église Saint Gorgon du nouveau village, reconstruit à quelques kilomètres de la forêt. Rebâtie en 1923 dans un élégant gothique flamboyant, elle contient de remarquables vitraux de Jacques Grueber, maître-verrier de l’école de Nancy ainsi que le tronc martyrisé d’un chêne mitraillé, déposé en 2005.

De là, nous avons regagné vers 18 h la gare de Pont-à-Mousson : un grand merci à Martine et Marie-Danièle qui nous ont servi de chauffeurs, sur des chemins parfois scabreux !

Un grand merci également à M. Sawicki : un mandat de 80 € sera adressé à son association.

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