Compte rendu de la journée « Nouveaux outils et ressources numériques en bibliothèques » le jeudi 04 novembre 2010

 

A l’initiative de la Bibliothèque municipale d’Anglet, le groupe ABF Aquitaine a organisé une journée professionnelle consacrée aux ressources numériques disponibles en bibliothèques et à une présentation de l’outil de recherche CultureWok, moteur de recherche sensitif de contenus culturels : livres, musique, films et textes.

Présentation de l'ABF

Cette journée a aussi permis de présenter l’association et le groupe Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques où le nombre d’adhérents a peu évolué ces dernières années et où, il est vrai, le groupe Aquitaine n’avait pas mené d’action depuis 2006, lors d’une Assemblée générale organisée dans la toute nouvelle médiathèque de Biarritz.

La journée débuta donc tout naturellement par une présentation de l’ABF et du groupe Aquitaine, par sa présidente, Anne Artemenko. Il s’agissait de repréciser les objectifs et les missions de l’ABF, de décliner les diverses commissions et groupes de travail et de présenter les publications tel que le site internet, les ouvrages professionnels mais aussi la Revue Bibliothèques.

L’occasion aussi de rappeler le blog du groupe Aquitaine et d’informer sur les activités à venir : l’AG le 17 janvier 2011 avec une demi journée professionnelle consacrée à la formation des bibliothécaire dans la nouveau cadre réglementaire du DIF; une journée nationale le 7 février à Mérignac sur les politiques documentaires en jeunesse, un projet de voyage à Bilbao en mai avec Médiaquitaine, le 30 juin une journée d’études sur les ebooks et liseuses à Nérac. Sans oublier le congrès national de l’association qui aura lieu à Lille du 23 au 25 juin 2011.

Benoît Roucou a présenté le groupe Bibliothèques Hybrides et le site Bibliolab. Le travail du groupe trouvait naturellement sa place dans le thème de la journée et chacun a pu apprécier à sa juste valeur la qualité et la richesse des nombreux outils (tutoriels, présentations,…) du Bibliolab.

 

CultureWok

Renaud Garcia a exposé alors le projet Culture Wok dont il est à l’origine. Après une rapide genèse du projet, il a présenté cet outil d’indexation et de recherche sensitif. Culture Wok s’applique à tous les objets culturels : livres, cinéma et musiques permettant de rapprocher les libraires de leur lectorat ou les bibliothèques de leurs usagers.
Intuitif et convivial, il permet de rechercher des oeuvres selon ses goûts et ses envies. Le Culturewok repose sur un principe de double indexation sensitive et catégorielle. Il s’enrichit constamment des contributions des uns et des autres.
Renaud Garcia a insisté sur la particularité du projet qui intervient comme une plateforme sensitive de communication entre professionnels et usagers avec aussi une partie éditoriale riche sur le site commun.
C’est donc un moyen d’accès aux fonds par tous, à tout moment via un outil simple «vitrine internet» qui propose, par ailleurs, au public une interface dépourvue de publicité.
Les partenaires de ce projet sont très variés, par exemple :

  • médiathèque du carré des Jalles et médiathèque Assia Djebar de Blanquefort,
  • médiathèque Jaques Ellul de Pessac,
  • médiathèque M270 de Floirac,
  • l’espace culturel d’Oloron Sainte Marie,
  • librairie BD fugue Bordeaux,
  • maison d’édition du Castor Astral,
  • librairie générale d’Arcachon,
  • disquaire Total Heaven à Bordeaux.

 

Le projet Culture Wok à Orthez

Stéphanie Orliac, responsable de la Médiathèque Jean-Louis Curtis d’Orthez qui expérimente actuellement le Wok, a pris ensuite la parole pour un retour d’expérience d’utilisation de cet outil.

Les lecteurs n’avaient pas encore accès au Wok sur le site de la médiathèque d’Orthez le 4 novembre, l’ouverture du Wok d’Orthez étant prévue pour le 15 novembre. De ce fait, les retours des usagers n’est pas encore possible. Mais à travers l’expérience faite en interne avec son équipe Stéphanie Orliac a pu rendre compte de l’utilisation d’un tel outil en terme d’enjeu de médiation, de charge et du contenu du travail des bibliothécaires.

Le projet Culture Wok à Orthez appartient à un projet global de valorisation du portail documentaire et des services en ligne aux usagers : ressources numériques, animations, communication, outils documentaires.
Force est de constater que les recherches sur le catalogue et l’utilisation des outils du compte lecteur (réservations par exemple) restent, à ce jour, les utilisations principales du portail, pourtant riche en informations et autres « valeurs ajoutées web » : bibliographies, coups de cœurs, communications,… Dés la création du portail, Stéphanie Orliac a insisté sur la nécessité de communication et de médiation auprès des lecteurs. A ce sujet, elle revient sur le fait que, malgré les supports dématérialisés, il faut créer un événement physique dans l’espace physique de la bibliothèque. C’est ce que la médiathèque a fait sur son réseau intercommunal avec La petite machine à lire : programme d‘animations, de valorisation des collections comportant rencontres autour de lectures, ateliers, cross-booking,… Le projet Wok s’inscrit parfaitement dans cette mise en valeur et nouvelle découverte des collections.
Le premier travail a consisté à alimenter le Wok de la Médiathèque .Pour cela au moins 350 objets (livres, cd ou dvd) sont nécessaires. Naturellement, le choix des documents sélectionnés s’oriente vers des titres ou des genres que les bibliothécaires souhaitent privilégier par goût ou par nécessité de valorisation (fonds particulier, animation…). Là aussi, Stéphanie Orliac a insisté sur la dimension personnelle de la mise en valeur des collections. C’est un réel outil d’enrichissement des données. Une fois ce premier travail sur ce minimum de 350 objets effectué, le Wok peut-être ouvert au public à partir d’un simple lien sur le portail de la bibliothèque.
C’est alors une autre manière de naviguer dans le catalogue dont le principe est simple : on arrive sur un moteur de recherche qui pose clairement la question de quoi avez-vous envie ? Music, ciné book…
Puis l’utilisateur grâce à des curseurs très faciles à utiliser, affine sa recherche par une approche sensitive telle que : Décalé, Dense, Sensuel, Limpide, Drôle, … et des formes Romans, Policier, Mangas, théâtre, Poésie,….
Le résultat est bien sûr issu des indexations résultant du travail collaboratif de chacun des bibliothécaires participants. Les lecteurs disposent ensuite d’un lien vers la notice du catalogue de la bibliothèque si le document y est présent. Stéphanie Orliac a insisté sur les atouts de cet outil mais aussi sur la nécessité de l’inclure dans une politique générale de la bibliothèque orientée vers la médiation autour des collections.
Elle n’a pas aussi oublié de mentionner la charge de travail que représente ce travail de valorisation des collections, d’enrichissement des données et de médiation auprès du public. Que ce soit avec le Wok ou le portail documentaire, les actions visant à accroître la visibilité sur les réseaux sociaux ainsi que les autres actions de communication et de valorisation, numériques ou non, ont un fort pouvoir chronophage et il est absolument nécessaire de prendre en compte ces nouvelles tâches dans le traditionnel circuit du document et l’organisation du travail dans la bibliothèque.
Enthousiaste sur ces outils de médiation numérique, elle s’interroge aussi sur les limites de tels projets  et perçoit les nécessaires évolutions des outils et pratiques : ne va-t-on pas vers un catalogue bis ? Comment relier les notices à ces enrichissements ? Ne voit on pas là, les limites de nos SGIBD ? Les coups de cœur dans ce contexte sont-ils toujours nécessaires ?

 

Ressources numériques à la Bibliothèque d'Anglet

Ce fut ensuite au tour des personnels de la bibliothèque d’Anglet de faire un retour d’expériences non pas autour du Wok mais sur l’utilisation des ressources numériques auprès de leur public.
Après une présentation de l’établissement, son directeur, François Rosfelter, a d’abord expliqué que l’introduction des ressources numériques dans les collections, ne fait que répondre aux rôles et missions premières de n’importe quelle bibliothèque définies par le manifeste de l’UNESCO. Il a rappelé l’historique de cette expérience commencée en 2007 avec l’ouverture de l’espace Image et Son.
Le travail d’acquisition des abonnements aux ressources numériques s’est fait à travers le CAREL, avec une volonté d’approche empirique et pragmatique. Chaque acquéreur a eu comme mission d’explorer les ressources dans son domaine, d’en voir les atouts et les points faibles pour aboutir à une sélection, ceci afin de pérenniser une certaine transversalité, complémentarité et continuité des collections.
La médiation auprès du public en est ainsi facilitée : d’abord dès 2007 à travers des ateliers informatiques sur l’autoformation et particulièrement la promotion des langues étrangères : ateliers de langues, présentation de sites et des abonnements en ligne de la BM, ceci couplé à l’ouverture d’un laboratoire des langues. Les ressources utilisées sont Balingua et toutapprendre.com (Balingua sera remplacé par Assimil en 2011).
D’autres ressources en ligne sont consultables à l'espace Multimédia : edumedia-sciences : Encyclopédie multimédia scientifique pour la jeunesse, Louvre-edu : base de données d'œuvres d'art autour des collections numérisées du musée. Indexpress : base de données d’articles de presse dépouillés et indexés.
L’espace Image et Son, quant à lui, propose d’autres abonnements sous deux formes : les accès de chez soi : ArteVod, Dogmazic, Naxos (arrêt en 2011) et les accès de la bibliothèque : site de la Cité de la musique et la borne Automazic.
Le bilan pour ces ressources est plutôt positif : ArteVod en 2010 : coût annuel de: 1900 € - 130 inscrits - 290 programmes commandés (soit 9570€ si acquisition en DVD). Pour Naxos, le bilan est plus mitigé, en baisse constante depuis 6 mois, la décision a été de suspendre cet abonnement.
L’équipe a bien compris là aussi la nécessité de la médiation ; c’est ainsi que sont organisés des ateliers Cinéziq une fois par mois pour présenter les offres et leurs utilisations à la bibliothèque ou chez soi et une « Carte blanche à ArteVod » chaque mardi en proposant un visionnage sur place sur grand écran.
Pour la borne Automazic le choix a été fait de mettre en avant les musiques locales : basques, gasconnes et musiques actuelles, de travailler en partenariat avec l'Institut culturel basque et l'Institut occitan et de présenter le concept aux acteurs locaux (Rockschool et Conservatoire). Le bilan est positif avec, depuis six mois, 300 téléchargements, une moyenne de 250 écoutes mensuelles et des dépôts d'oeuvres d'artistes locaux en hausse.
Les perspectives 2011 sont définies : il s’agit d’un abonnement aux ressources Vodéclic et Canal des métiers (développement du point Emploi-Formation). Par ailleurs l’introduction des jeux vidéo et des livres numériques dans les collections est prévue. Pour une mise en œuvre optimale de ces services numériques le recrutement d'un responsable culture numérique a été décidé.

Les offres en ligne à la Bibliothèque départementale de la Dordogne avec Cathy Passerieux chargée du projet.

L’expérience menée par la Bibliothèque départementale de Dordogne a clôturé la journée. La politique ambitieuse du Conseil général de la Dordogne autour de TICS et du développement des lieux d’accès au savoir sur l’ensemble du territoire a permis dans un premier temps de constituer un catalogue collectif départemental avec un constat : les bibliothèques sont bien souvent les seuls lieux d’accès publics à internet en zones rurales ou semi urbaines.
Pour ce projet, une équipe de trois personnes s’est constituée à la BDP. Une partie de son travail a été de mettre à disposition des outils et des aides pour les animateurs multimédias dans les bibliothèques (un blog, une carte interactive des accès publics à internet en bibliothèque). De plus, un important plan de formation à destination des animateurs multimédias comme des bibliothécaires professionnels et bénévoles a été mis en place.
Dès 2007, une première phase de projet de développement des ressources numériques dans les bibliothèques du réseau de la BDP24 a pris forme : il s’agissait alors à l’époque de travailler en commun avec une douzaine de bibliothèques, de choisir dans les offres CAREL les ressources les plus appropriées à chacune des structures, de faire le tour des spécifications techniques nécessaires à l’accès à ces sources sans oublier la question du débit dans certaines bibliothèques mal couvertes. Chaque bibliothèque a ainsi sélectionné des ressources et la BDP les a abonnée.
Le bilan a été très mitigé : pas de rencontres avec le public, des ressources très peu utilisées, et un problème de médiation dans certaines structures.
Un autre constat s’est imposé : dans la plupart des bibliothèques, petites ou moyennes, le public ne se « posait » pas dans leurs murs, et un accès en ligne uniquement à partir de la bibliothèque ne semblait pas convenir aux attentes des publics.
Le coût approximatif de cette première phase a été en 2007 de 8 000 €, puis 14 000 € en 2009.

Suite à cette première expérience, une deuxième phase du projet a été mise en place. Elle a nécessité de revoir le mode d’intervention avec désormais un seul accès via le portail. Plus d’accès exclusif dans les murs mais une réelle opportunité pour l’usager d’avoir accès, depuis son domicile, aux ressources en ligne, à condition qu’il soit inscrit dans une bibliothèque du réseau. Plus de 90 bibliothèques du département sont concernées aujourd’hui par ce dispositif pour un coût total d’environ 32000 euros.
Mais ce choix d’un accès unique via un portail pose des soucis techniques à bien des fournisseurs qui n’ont pas les réponses dans ce contexte de « voie unique ». A l’heure d’aujourd’hui seuls Planet Nemo, Bibliomedia, le kiosque et Bibliovox sont disponibles pour tous sur le portail de la BDP, le dernier tentant de pallier à une grosse demande de livres pratiques.

Pour ce qui est du choix des ressources, les méthodes d’apprentissage de langues et l’aide aux devoirs (tout apprendre.com) testées dans la première phase du projet ont été abandonnées et remplacées par des choix de ressources gratuites, regroupées dans une page Netvibes et un blog spécialisé. Les acquéreurs de ressources papier sont impliqués dans les choix des ressources numériques.

Il est là encore trop tôt pour faire un bilan côté usagers, mais l’expérience du département de la Dordogne a pu aussi amener à une réflexion sur les difficultés de sélections des ressources au regard de l’offre éditoriale en ligne, sur le positionnement de l’acquéreur dans ses choix entre complémentarité ou substitution et sur la nécessaire transversalité entre acquéreurs d’imprimés et de ressources en ligne. Cathy Passerieux a aussi insisté sur la lourdeur technique et l’importance du travail en commun avec les services informatiques ou DSI. Elle s’est également interrogée sur le rôle des SGIBD dans ce contexte et des liens entre les bases de données et les catalogues. Une solution fastidieuse et insuffisante est expérimentée : pour signaler ces ressources sur le catalogue : créer des notices avec un renvoi vers le portail…

 

Visite de la bibliothèque

La journée s’est terminée sur une visite de la bibliothèque d’Anglet avec la possibilité de tester certaines ressources. Les participants étaient ravis de pouvoir échanger autour d’interrogations « qui nous taraudent tous » car «voir certains partir devant rassure et permet d’en entraîner d’autres ! ».
Il convient bien sûr de remercier l’ensemble des participants à cette journée, Renaud Garcia de Culture Wok, Stéphanie Orliac de la Médiathèque intercommunale d’Orthez et Cathy Passerieux de la Bibliothèque départementale de Dordogne pour leur disponibilité et le travail fourni afin de faire partager leurs expériences. Enfin, il nous faut saluer et remercier l’équipe de la Bibliothèque d’Anglet (François Rosfelter, Marie-Hélène Saphore, Véronique Lanquetin, Julie Bédère et Emmanuelle Cors Mata) pour leurs exposés, leur disponibilité et leur accueil.