Discours d'ouverture du congrès 2016

 

Monsieur Olivier Bianchi, maire de Clermont Ferrand et président de Clermont Communauté

Monsieur Martin Ajdari, directeur Général des Médias et des Industries Culturelles au Ministère de la Culture et de la Communication

Cher Fabrice Boyer, président du groupe Auvergne

Chers collègues et chers amis,

En introduction, je voudrais dire que l’ABF est solidaire des collègues dont les bibliothèques ont été innondées la semaine dernière, notamment Nemours, Souppes sur Loing, Gif sur Yvette et peut être d’autres dont nous n’avons pas connaissance.

Je voudrais ensuite remercier pour leur soutien actif et pour toutes les aides apportées dans l'organisation du congrès: la Ville de Clermont Ferrand, Clermont Communauté, le Conseil régional d'Auvergne Rhône Alpes (ce dernier facilite nos transports en cette période de travaux sur la ligne SNCF), les deux universités auvergnates (Université d'Auvergne et Université Blaise Pascal), LIRA, le Transfo et la DRAC Auvergne Rhône Alpes ainsi que le Ministère de la Culture et de la Communication et le Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Nous vivons une période faite de bouleversements et de réduction de nos moyens, parfois très important, pouvant entraîner un malaise: changement organisationnel au sein de nos collectivités parfois à répétition, contexte législatif incertain, évolution profonde de notre métier dans différentes directions (numérique, médiation, rôle social accru...), baisse de budgets parfois drastique, non renouvellement des départs à la retraite, des élus plus impliqués et plus exigeant vis à vis des bibliothèques, de leur participation aux politiques globales de leur collectivité et de leur impact sur le territoire, des attentes plus importantes et très diversifiées des habitants... tout cela nous confronte à des injonctions contradictoires voire impossibles à tenir, le fameux faire plus avec moins, qui n'est peut être pas nouveau, mais qui devient plus difficile à vivre. Sans oublier le dénigrement et la remise en cause du statut de fonctionnaire... les mouvements sociaux divers et variés, les inquiétudes exprimées ici et là dans la société, tendent à montrer que nous vivons une situation difficile faite de beaucoup d'incertitudes...

Tout comme la société, les bibliothèques et les bibliothécaires font face à un monde complexe : réforme territoriale, pôles universitaires reconfigurés, fortes évolutions des modes de vie et des pratiques culturelles, révolution numérique, société en mutation… Habituées à se remettre en question, les bibliothèques se sont engagées dans des démarches d’innovation que ce soit pour l’accès à l’information, la formation au numérique, l’accueil du public ou encore les services.

Notre 62e Congrès vous propose trois points d’entrée dans ce vaste sujet : l’innovation émanant des bibliothèques et du secteur public, l’innovation dans la société qui nous entoure et son impact sur les bibliothèques et, comme source d’inspiration pour de nouvelles expérimentations, l’innovation ailleurs et autrement… Des collections au management, en passant par la médiation et la recherche appliquée, le banquet du congrès est copieux mais équilibré. Le congrès innove lui-même en augmentant le nombre de sessions interactives que ce soit sur le numérique, les territoires (autour de la réforme territoriale) ou la médiation. Le comité de pilotage a d'ailleurs fait un choix innovant en nous proposant une multitude de points de vue non biblio centrés... et il me semble fondamental qu'aujourd'hui les bibliothèques portent encore plus qu'avant le regard sur ce qui se passe autour d'elles. Un précédent congrès affirmait que la bibliothèque est dans la cité... et pour être davantage au coeur d'un monde qui bouge, la bibliothèque doit innover et être en mouvement avec la société qui l'entoure. A cet égard, je voudrais saluer l'initiative de plusieurs collègues qui se sont associés dans différentes villes de France aux #Nuitdebout par des #Bibliodebout.

Je voudrais aussi relever un autre point qui m'est apparu ces dernières semaines suite à ma participation aux rencontres des associations de bibliothécaires européennes dans le cadre d'EBLIDA. Les bibliothèques françaises ont sans aucun doute rattrapé leur retard en matière de services proposés aux habitants de leur territoire. Nous avons beaucoup innover ces derniers années et nous continuons à faire feu de tout bois pour élargir la palette des activités culturelles, éducatives et sociales que nous proposons. En revanche nous avons des progrès à réaliser dans deux grandes directions :

- premièrement l'aménagement de nos espaces que ce soit lors de la construction ou de rénovation/réaménagement doit être plus confortable, plus agréable et plus facile à utiliser. Les bibliothèques sont conçues pour les habitants et ne sont pas de simples espaces de stockage de collection. Je force bien sûr le trait mais c'est frappant quand on visite certaines bibliothèques dans d'autres pays, en particulier dans le Nord de l'Europe. De nouvelles constructions françaises en tiennent compte mais pas encore assez il me semble. Travaillons avec des designers ou des architectes d'intérieur.

- deuxièmement la question des horaires d'ouverture mérite d'être posée sérieusement. Le premier service ce sont des bibliothèques ouvertes le plus largement possible. Cela sert à quoi de proposer de belles collections et une large palette d'activités, si les unes comme les autres sont peu accessibles à cause des horaires d'ouverture. Si nous voulons élargir les publics, la bibliothèque devrait être accessible à des horaires larges pouvant correspondre à la diversité des modes de vie. Il faut bien sûr que cela se fasse dans de bonnes conditions de travail pour les bibliothécaires. Il faut bien sûr analyser la manière de vivre des habitants du territoire sur lequel rayonne la bibliothèque. Mais l'une des innovations que nous devrions porter serait de repenser nos horaires d'ouverture pour ouvrir mieux et si possible ouvrir plus. A l'initiative de la sénatrice Sylvie Robert, l'ABF participe à l'organisation d'une journée professionnelle sur le sujet qui se déroule le 23 juin à Paris.

Notre congrès c'est aussi le salon professionnel, c'est le moment de l'année ou vous trouvez réunies toutes les innovations des fournisseurs pour les bibliothèques. Allez donc y faire un tour pendant les différentes pauses.

Venez faire un tour au stand de l’ABF rencontrer les instances de l'ABF, les permanents et d'autres collègues, venez y découvrir le dernier numéro de Bibliothèque(s) consacré à l’Auvergne et les derniers Médiathèmes : Une fenêtre en prison ou Informatiser la gestion de sa bibliothèque.

Pas loin, venez faire connaissance avec les acteurs du livre en Auvergne ainsi qu’une librairie avec une sélection de livres sur l’innovation.

Notre congrès, c'est bien sûr l'Assemblée Générale statuaire que nous souhaitons la plus vivante et la plus animée possible. Bonne humeur et débat sont au programme. Venez vous informer sur les dernières actions de l’ABF, débattre et contribuer aux chantiers à venir : s'approprier la réforme territoriale en mutualisant nos réflexions, initier une action d'advocacy pour mieux promouvoir et illustrer le rôle des bibliothèques dans la société, repenser la communication interne et externe de l'ABF... Alors nous comptons sur votre présence pour enrichir les points de vue ! Et pour se détendre après les deux premiers jours intenses et l'assemblée générale, l'ABF vous propose de terminer la journée du vendredi par une soirée festive dans un musée d'Art.

En ouverture, Pascal Picq viendra électriser nos neurones en présentant le fruit de ses recherches anthropologiques sur l’innovation, sur les nouvelles intelligences basées sur la coopération et la mise en réseau. Nous dévoilerons à l’occasion de la séance inaugurale les premières bibliothèques recevant un des label de la charte Bib’lib. Et en fin de congrès, ne manquez pas les sujets qui fâchent sur Bibliothèques et crises humanitaires, Bibliothèques et politique ainsi que Livre numérique en bibliothèque.

Les congrès sont des moments importants pour la vie de l'association et de la profession. Outre la thématique centrale du congrès, c'est pour chacun d'entre nous le moment de prendre du recul et de faire le point sur tous les sujets qui agitent les bibliothèques, la culture et la société qui nous entoure... Les échanges off sont tout aussi précieux que les tables-rondes, les ateliers et les rencontres  avec nos prestataires.

Lorsqu'ils sont en région, les congrès sont aussi des moments importants pour les groupes régionaux. C'est l'occasion de se mobiliser et de fédérer les adhérents de la région autour de l'évènement. Plus que toutes les autres régions précédentes, l'Auvergne a dû redoubler d'effort à cause d'impondérables indépendants de la volonté du groupe... et en particulier des travaux sur la ligne SNCF Clermont-Ferrand - Paris juste le week-end du congrès. Du choix du sujet aux à cotés festifs si précieux, le groupe Auvergne et le comité de pilotage nous ont concocté un superbe congrès ! Je les en remercie très chaleureusement.

La force du congrès et de l'association dépendent beaucoup de votre participation et de celle d'un maximum de bibliothécaires, ils nous faut continuer à mobiliser autour de l'ABF le plus de collègues afin d'enrichir les débats, de pouvoir peser et faire entendre la voix des bibliothèques auprès des décideurs. Nous allons entrer dans quelques mois dans une séquence électorale qui sera probablement très agitée. Il n'est pas certain que la culture et les bibliothèques soient très présentes mais nous devrons être à la fois vigilant et pro-actif pour continuer à expliquer et faire valoir l'importance du rôle des bibliothèques, comme lieu culturel, éducatif et social d'autant que l'un des derniers rapports de l'IGB montre bien qu'il y a encore de nombreuses lacunes dans le maillage territorial des bibliothèques.

Au milieu de ces bouleversements et de ces incertitudes, il y aussi des raisons d'être optimistes avec la loi Lemaire sur le numérique ainsi que d’autres ouvertures législatives au niveau européen ou encore la possibilité de travailler de manière accrue avec les décideurs sur les projets territoriaux et universitaires… la réforme territoriale c’est aussi une opportunité pour mutualiser et offrir de meilleurs services aux habitants du territoire...

Alors continuons à débattre, échanger, coopérer… pour innover et développer l’intelligence collective au sein de notre association.

Je vous souhaite à toutes et à tous un excellent congrès.

Xavier Galaup
Président de l'ABF